ActifDROM

Contexte 

La directive cadre sur l'eau (DCE, CE 2000) constitue un cadre de politique communautaire dans le domaine de l'eau pour la surveillance environnementale et l'évaluation de l'état chimique des milieux aquatiques. L'état chimique est l'appréciation de la qualité d'une eau sur la base de concentrations en polluants et leur confrontation à des normes de qualité environnementale (NQE) associées. Une NQE représente la concentration d'un polluant ou d'un groupe de polluants qui ne doit pas être dépassée afin de protéger la santé humaine et les écosystèmes.
L'utilisation d'organismes vivants pour surveiller les niveaux de la contamination chimique de l'eau (biosurveillance chimique) a été initiée dans les années 1970 pour les eaux côtières (Goldberg, 1975) et a été expérimentée dans plusieurs programmes de surveillance des eaux continentales et marine (ROCCH : Réseau d'Observation de la Contamination CHimique, dans les huîtres de palétuvier pour la Martinique depuis 2007).

L'utilisation du biote présente de nombreux intérêts pour le suivi de la contamination chimique ; i) en tant que matrice intégratrice, il permet une mesure plus simple et fiable des métaux traces et des contaminants organiques hydrophobes ; ii) la mesure reflète la fraction biodisponible, c'est-à-dire toxique et iii) enfin, le biote permet des mesures intégrées dans le temps, sur la période d'exposition.

Actuellement, il existe deux stratégies pour la biosurveillance : la biosurveillance active et passive. L'approche passive s'appuie sur la mesure des substances prioritaires dans des organismes autochtones, prélevés directement dans les milieux, alors que l'approche active repose sur la transplantation d'organismes (encagement) provenant d'une population de référence, naturelle ou produite. L'approche active a été développée plus récemment dans le but de contrôler les organismes utilisés comme sonde d'accumulation, ainsi que la durée d'exposition et par conséquent d'améliorer la comparaison spatiale et entre campagnes des résultats.

En effet, l'approche par encagement peut être appliquée même si les sites d'étude sont dépourvus d'organismes autochtones. De plus, elle limite la variabilité biologique au sein des organismes tests puisqu'ils proviennent d'une même population et que les facteurs biotiques comme la taille et le sexe sont contrôlés. De plus, l'historique des organismes et le temps de leur exposition sur les sites d'étude sont parfaitement maîtrisés. Cette stratégie apporte une plus grande robustesse dans la lecture des résultats ainsi qu'une grande reproductibilité, ce qui est un avantage pour le suivi des tendances imposé par la réglementation. 

Objectifs

Le projet vise à faire la preuve de concept et démontrer la faisabilité de mettre en place une approche de biosurveillance active pour évaluer la qualité chimique des milieux aquatiques (eau douce et côtière) dans les DROM : 

- Etablir une liste d'espèces dulçaquicoles et marines d'intérêt pour la biosurveillance dans les DROM, étude de la faisabilité de les produire en laboratoire/écloserie ou de les prélever sur le terrain.
- Développer et proposer une méthodologie d'encagement sur au moins deux espèces, l'une d'eau douce et l'autre en milieu côtier. Il s'agira de définir les caractéristiques de l'organisme test (stade, âge, genre, etc..), ainsi que les conditions d'exposition nécessaires pour une telle biosurveillance.
- Faire la preuve de concept, au moins pour une espèce d'eau douce ou côtière, et démontrer la pertinence de mettre en place une stratégie de biosurveillance active pour déterminer le niveau de contamination des eaux continentales et côtières de la Martinique grâce au suivi d'une vingtaine de stations.

Perspectives

Aujourd'hui, la synthèse bibliographique arrive à sa fin (UA), des tests d'encagement ont débuté (huître de palétuvier dans la baie du Robert (Ifremer), algues en Guadeloupe par l'UA).

Il reste à valider les espèces sélectionnées, positionner les stations voulus, et démarrer la phase d'encagement.