Diademe

Contexte

Lors du premier trimestre 2022, il y a eu un phénomène de mortalité massive des oursins diadème (Diadema antillarum) dans les Antilles, et plus largement dans la mer des Caraïbes (1er signalement aux îles Vierges, puis étendu de la Floride au Venezuela). Ce phénomène n'a pas épargné la Martinique et a touché de très nombreuses zones, majoritairement sur la côte Caraïbes

Lorsqu’une zone était impactée, la mortalité des oursins fut très rapide (quelques jours) et sur de nombreux individus. L’évolution de la maladie était fulgurante. Elle s'est caractérisée par (i) la perte de contrôle de ses podias associé au détachement de l'oursin au substrat, (ii) le détachement de ses épines laissant apparaître le squelette (et parfois détachement des tissus) et (iii) il s'ensuit la mort de l'oursin. Sans défense, il est fréquent d’observer des attaques des autres organismes (poissons notamment) sur les individus moribonds ou morts.

La rapide propagation de cette « maladie » nous a conduits à émettre l’hypothèse d’une attaque d’un pathogène. Cependant, il est rappelé que ces maladies des oursins ne sont pas une nouveauté et ont été observées cycliquement de par le monde. Déjà dans les années 1980, dans la zone Caraïbe, des Bermudes jusqu’à l’Amérique du Sud, l’oursin diadème avait subi une mortalité massive (jusqu’à 97% par endroits) en moins de 10 jours à compter de la détection des premiers signes de la maladie dans une nouvelle localité. Les raisons de cette mortalité sont encore inconnues aujourd’hui, car la rapidité et l’étendue du fléau n’ont pas permis de faire les analyses nécessaires. Ce phénomène représente la mortalité la plus massive jamais rapportée dans le monde marin. Autour de la même période, les oursins de la Rade de Marseille ont été victimes de la maladie de l’oursin « chauve » qui a fortement impacté la population de ces oursins et provoquant ainsi des impacts sur l’écosystème.

Sans population d'oursin,  les récifs coralliens ont été envahis d’algues benthiques (compétition de l'espace, étouffement...). En effet, les oursins sont parmi les plus importants herbivores des récifs. Cette nouvelle pression sur les récifs coralliens s'ajoute à la maladie de la SCTLD (Stony Coral Tissue Loss Disease) et aux phénomènes de blanchissement des coraux dû aux fortes températures de l'eau.

Objectifs 

Il fallut donc prendre en compte les différentes hypothèses comme la présence d’un ou plusieurs contaminants chimiques, l’action de biotoxines marines (HAB) en plus de l’action de pathogènes bactérien, viral ou parasite. L’apparition d’un stress « hydrobiologique », notamment la température de l’eau (chaude), pourrait aussi l’avoir favorisé.

Perspectives

En juin 2023, l'AGGRA (Atlantic and Gulf Rapid Reef Assessment) partage l'annonce concernant une étude issue d'une collaboration internationale qui aurait identifié le pathogène responsable de cette mortalité massive, et organise un webinaire à ce sujet (accessible en ligne). L'étude d'Hewson et al. (2023) aurait identifié un scuticocilié très semblable à Philaster apodigitiformis qui était systématiquement associé à des oursins anormaux sur les sites affectés, mais était absent des sites non affectés.

Nous n'avons pas encore tous les résultats pour comparer à l'étude d'Hewson et al. (2023).