Veille POP

Contexte

Depuis 2010, le projet VEILLE-POP vise à acquérir des connaissances nouvelles sur l’état de la contamination de l’environnement marin côtier métropolitain par des contaminants organiques d’intérêt émergent grâce à l’utilisation de mollusques filtreurs reconnus comme espèces intégratrices de la contamination. Les contaminants ciblés se caractérisent par leurs propriétés hydrophobes et persistantes ; ils se bioaccumulent dans les organismes marins. Les contaminants recherchés incluent notamment des retardateurs de flamme alternatifs aux polybromodiphényléthers (PBDE) qui sont aujourd’hui tous réglementés, des composés perfluoroalkylés (dont certains sont réglementés), des muscs synthétiques, des esters d’organophosphate. En parallèle à ces contaminants d’intérêt émergent, il est pertinent de suivre également des composés aujourd’hui réglementés, mais qui sont potentiellement encore relargués et sont caractérisés par leur présence dans l’environnement au niveau global. Ces contaminants dits historiques incluent les polychlorobiphényles (PCB), les pesticides organochlorés (OCP), les PBDE. L’ensemble des contaminants étudiés couvrent ainsi des usages industriels, domestiques et agricoles.

Malgré les pressions anthropiques auxquelles sont soumises les côtes martiniquaises (urbaines, agricoles, touristiques), les données concernant les contaminants d’intérêt émergent persistants et hydrophobes issus de ces activités font fortement défaut. Dans le cadre du changement global considéré comme 1ère priorité pour les îles de la mer caraïbe, disposer d’un niveau de référence de la contamination constitue un enjeu majeur. 

La première campagne de terrain début fin 2023, pour un encagement de 6 mois des huîtres de palétuvier sur les 5 sites échantillonnées, pendant la saison sèche.

La deuxième campagne de terrain sera réalisée lors de la récupération des huîtres de la première campagne, 6 mois plus tard, en juin 2024, pendant la saison humide.

Objectifs 

-       Disposer des données de niveaux et profils sur la contamination des zones côtières martiniquaises par une large gamme de contaminants organiques historiques et d’intérêt émergent grâce à l’utilisation d’une espèce bioindicatrice locale, l’huître de palétuvier (Isognomon alatus) ;

-      Evaluer la variabilité géographique de la contamination (comparaison de 5 sites contrastés) par des essais de transplantation (encagement hors des zones de palétuviers)

-      Distinguer les sources principales selon les profils des familles de contaminants étudiés ;

-      Etudier la variabilité saisonnière de la contamination (une saison dite sèche : janvier-mai et une saison dite humide : juin-décembre) ;

-      Comparer les niveaux de contamination avec ceux des côtes métropolitaines ;

-      Evaluer la variabilité de la bioaccumulation (incluant les profils métaboliques) chez deux espèces de mollusques (si 2ème espèce disponible)

-      Disposer de niveaux de référence qui permettront à terme d’évaluer l’évolution de la contamination en réponse aux changements d’usages et d’environnement (changement global) ;

Perspectives

Les résultats permettront de définir une stratégie de suivi des contaminants d’intérêt émergent en Martinique : choix des sites, espèces et substances pertinentes.

Ils pourront faire l’objet d’une interprétation comparée avec ceux obtenus dans le cadre du projet Emergent’Sea (contaminants hydrophiles / échantillonneurs passifs).

La recherche de contaminants pourra être poursuivie en élargissant à d’autres familles (ex : filtres UV) et à l’analyse en mode non ciblé.

A terme, la stratégie pourra être étendue à d’autres îles de la mer des Caraïbes caractérisées par des pressions diverses.